Chiffres & Citoyenneté

16 mesures pour assainir le débat démocratique

François Jeger, Olivier Peraldi

www.editions-hermann.fr 
Diffusion UP Diffusion
Distribution Hachette Livre

Hors Collection / ISBN : 978 2 7056 9214 8
220 pages – 14 x 21 cm

Description :

Entre batailles de chiffres et perte du sens des mots, le débat public français se paupérise. Il lasse les uns, exaspère les autres. Il met à l’épreuve le souci de l’intérêt général et la cohésion sociale. Il invalide auprès des Français le bilan des élites.

Le fil conducteur de ce livre est le constat que les chiffres ont envahi le débat politique alors que le verbe, pourtant indispensable à la mobilisation citoyenne, disparait du discours des élites.

Les chiffres se prêtent bien à la communication en temps réel : ils suscitent plus d’émotion que de réflexion.

« Chiffres et citoyenneté » analyse les décisions ayant entraîné cette lente dégradation avant de proposer seize mesures pour un sursaut démocratique.

“L’entreprise est d’abord le fruit de notre désir de citoyens de voir les Français renouer avec la force d’expression qu’ils eurent parfois dans l’Histoire. Elle est ensuite, le résultat d’une discussion intense sur ce qui nous a marqué et nous interpelle encore dans nos parcours professionnels et paritaires. Nous avons voulu trouver une synthèse que nous espérons passionnée mais non partisane, sauf à servir le parti de la citoyenneté.”

François Jeger & Olivier Peraldi

> Comment redynamiser l’activité citoyenne ?

> Comment redonner du crédit à l’action et à la parole politique ?

> Comment assurer les conditions du débat démocratique ?

16 mesures pratiques sont ici proposées afin d’aider les Français à redevenir Citoyens et de premettre à chacun de mieux appréhender ce qui devrait guider la réflexion politique.

2 QUESTIONS AUX AUTEURS

1/ Les récents mouvements populaires témoignent d’un sentiment que les politiques ne représentent plus tous les courants et que certains citoyens ne se retrouvent pas dans les idées défendues par leurs représentants. Dans votre livre, vous analysez les conditions de possibilité d’une refondation du débat démocratique selon des bases plus solides.

Pouvez-vous nous présenter ces conditions en quelques mots ?

Nuit debout de même que les Bonnets rouges ne réunissent pas à proprement parler les fondamentaux à partir desquels il est possible de qualifier un mouvement sociétal de populaire. C’est à dire une assise sociale suffisamment transversale et significative de la diversité de la société française, et une structuration interne plus horizontale que verticale. Au premier terme répond la représentativité, au second l’efficacité.

Pour autant, l’initiative ne nous surprend pas. Nous voyons-là l’une des conséquences de l’abandon par les élites depuis plusieurs décennies d’un récit national donnant du sens à l’action politique. En résumant la geste politique à des batailles de chiffres où sombrent même les experts, l’intelligentsia s’est elle-même disqualifiée.

Ceux qui s’estiment laissés pour compte par le reste de la société, marginalisés dans leur vie quotidienne, voire exploités, ne se sentent pas compris par les instances de représentativité traditionnelles. Refonder le débat démocratique c’est se parler avec des mots à la fois concrets et mobilisateurs : imaginer, construire, vivre le lien social. C’est libérer la parole qui fait rêver et donne ainsi l’énergie nécessaire à l’action. C’est l’exact opposé de l’annonce permanente de statistiques aussi vite oubliées que prononcées et qui, loin d’abreuver la parole, assèche la pensée. Aussi est-il urgent de renouveler les élites pour retrouver une assise démocratique plus en phase avec les réalités des Français.

Réduire le nombre de parlementaires permettra de leur donner une plus grande légitimité représentative en même temps que des moyens financiers et en personnel à la hauteur de la mission qui leur est confiée, sans augmenter le budget global de l’Assemblée nationale et du Sénat. Désigner certaines comissions par tirage au sort, diversifier le profil des enseignants ainsi que celui de leurs formateurs ou encore ouvrir les bourses à des thèses portées par des personnes bénéficiant d’une expérience professionnelle font parties également des pistes proposées.

2/ Pour un sursaut démocratique, de nombreuses initiatives ont cherché à « moderniser la vie politique ». Que pensez-vous des initiatives passées ? Que faudrait-il faire ? S’il y eu beaucoup de travaux et rapports sur la nécessité de moderniser la vie publique et démocratique, peu d’initiatives ont réellement vu le jour. Le paysage institutionnel français et son mode opératoire du dialogue citoyen apparaissent foncièrement figés.

Des initiatives, toutes prises en dehors des décideurs politiques ou syndicaux, fleurissent aujourd’hui : donner la voix aux anonymes, contourner les fédérations syndicales, dépasser les clivages d’un autre temps. Mais elles gardent pour l’heure un caractère expérimental. Il conviendrait à terme de les catalyser en groupes citoyens puissants capables de peser lors d’échéances à venir.

Dans un monde passé d’une représentation verticale et représentative du pouvoir à la capacité pour le citoyen de s’exprimer et de participer de façon transversale, immédiate et directe telle que le permettent aujourd’hui les réseaux sociaux, l’organisation classique des institutions ne se suffit plus. Les institutions sont appelées à évoluer pour intégrer d’autres formes d’expressions citoyennes. L’action politique ne doit plus être bornée par les seules échéances électorales, mais intégrer de façon plus constantes le dialogue avec les citoyens tout au long des mandats électifs.

Ce qui est remarquable aujourd’hui, reste que malgré la facilité d’une expression citoyenne dématérialisée via les réseaux Internet, l’expression du débat n’abandonne ni la place publique ni la proximité de la décision à prendre avec le lieu où son impact sera vécu. L’expérience nous dira si Nuit debout confirme cette thèse, comme nous l’avons vu dès que la société a éprouvé le besoin de s’exprimer avec force aux lendemains des attentats de 2015. Loin d’être reléguée au musée de l’Agora démocratique, complément indispensable de la web-démocratie, la place publique est à l’orée d’une nouvelle jeunesse.