Prévision et complexité : le cas des pensions de retraite

La complexité de la loi française ne facilite pas la tâche des prévisionnistes et nul n’échappe à l’imprécision des chiffres. Depuis 2003, les Français de 55 ans doivent recevoir de la part des organismes de retraite obligatoire l’estimation du montant de leur retraite à échéance.

Une étude de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) fait apparaître un écart de 20 % entre l’estimation transmise au futur retraité et le montant réel qu’il touchera une fois inactif, soit une sous-estimation moyenne de 115 euros par mois, alors qu’une pension sur six est surestimée.[1]

La difficulté de prendre en compte les multiples situations de carrière professionnelle, relevant de nombreuses règles législatives et réglementaires, mais aussi la persistance de trente-cinq institutions, cinquante régimes obligatoires, dont vingt-et-un de base et vingt-neuf complémentaires, ampleur unique au monde, expliquent une imprécision une fois encore spécifique à la France.

Conseil d’orientation des retraites et Cour des comptes, pour une fois d’accord, soulignaient que les Français étaient en moyenne poly affiliés à 2,3 organismes d’assurance retraite. Les ruptures de carrière et changements de métiers au cours de sa vie professionnelle étant devenus la norme, seule une simplification drastique du système permettrait de surmonter le défi de communicabilité inter régimes. L’Inspection générale des affaires sociales ne s’y trompe pas lorsque, devant la complexité du maquis des organismes de retraites, elle qualifie l’idée d’informer le futur retraité à l’aide d’un guichet unique de « mythe » tant que la « complexité actuelle ne sera pas remise en cause » [2]

 

[1] Comparaisons entre les estimations indicatives globales issues du droit à l’information et les pensions réelles, Cadr@ge, n°26, Cnav, juin 2014.

[2] Simplification technique des relations entre les assurés et leurs régimes de retraite, Igas, mai 2013.